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Discours d'Henri de Latour le 11 novembre 2008

L'armistice de 1918, signé le 11 novembre à 5 h 15 marque la fin de la première guerre mondiale. La folie destructrice des hommes y expérimenta les déluges de feux, la guerre de déplacement avec les premiers chars, l’utilisation des gaz toxiques. Elle fut sanglante et sanguinaire. Le cessez-le-feu est effectif à onze heures, entraînant dans l'ensemble du pays des volées de cloches et des sonneries de clairons annonçant la fin d'une guerre qui aura laissé plus de huit millions de morts et six millions d'invalides ou de mutilés.

Ce ne sont pas que des faits de guerre qui ont contraint l’Allemagne à signer l’armistice. Il ne faut pas oublier qu’en juin et juillet 1918 la révolution ouvrière de Berlin précipita l’Allemagne dans la tourmente. Le 3 octobre de la même année de nombreux marins et soldats refusèrent d'aller au combat, en particulier à Kiel.

 

Les survivants veulent croire que cette guerre qui s'achève restera la dernière de l'Histoire, la «der des der»...

Elle pèse sur la mémoire collective comme la « grande guerre ». Mais cette grandeur n’eut de grand que la démesure des gouvernants. Elle impliqua beaucoup de nations et de peuples notamment africains dont les ressortissants moururent au front en grand nombre. Il suffit de voir à Douaumont, ces cimetières qui s’étendent à perte de vue de tombes africaines et musulmanes.         

Il faut maintenant s’efforcer d’éclairer les consciences sur les responsables de cette guerre et obtenir justice pour les pacifistes, anarchistes, et aussi quelques communistes, dont le comportement en plein conflit a entraîné leur mort. Qu’ils aient été fusillés pour l’exemple ou transportés en groupe dans le no man’s land et massacrés par l’artillerie des deux camps.

Commémorer le 11 novembre, c'est accomplir notre devoir de mémoire à l'égard de ceux qui nous ont légué les valeurs du pacifisme. C’est aussi espérer, à travers leurs engagements, dans un avenir que l'on veut toujours meilleur et solidaire.

 

Comme nous le savons tous, la « Der des Der » a été suivie de la Seconde guerre mondiale, puis par de multiples conflits dont la liste serait trop longue à énumérer ici. En fait, le monde n’a jamais cessé d’être en guerre. Désormais, la guerre a changé de forme. L’équilibre de la terreur a fait place, après la chute du mur de Berlin, à un monde éclaté, sans gouvernance et sans régulation mondiale. On le voit aujourd’hui avec la crise financière, c’est un monde multipolaire dont l’instabilité est largement fondée à ouvrir d’autres conflits. Alors, prenons garde, car s’il est bien une leçon que nous devons retenir du 11 novembre, c’est bien celle de la paix et de la fraternité.