8 mai 1945 / 2023
Commémorer ne veut pas dire “célébrer“ mais “se souvenir ensemble“, au bénéfice d’une réflexion collective, pour tirer le meilleur parti des leçons du passé.
Commémorer, en ce 8 mai, la victoire sur le fascisme et le nazisme, ce doit être l’occasion de revenir sur la montée de ces courants, sur les raisons qui ont pu amener les peuples européens à succomber à la tentation des solutions extrêmes.
Pourquoi continuer à commémorer le 8 mai 45 ?
Certains d’entre nous se souviennent qu’à la tête de l’État, sous prétexte de modernité, et au nom de la réconciliation franco-allemande, il fut naguère question de lisser, de gommer cette date, belle occasion d’alléger le calendrier d’une de ces journées de congé dont on nous répète à l’envi qu’elles parasitent notre productivité...
Les commémorations sont parfois l'occasion de confusions, d'amalgames, voire de détournements partisans. Il faut reconnaître qu'avec le 8 mai nous sommes particulièrement gâtés. Par exemple, le 8 mai est l'anniversaire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, c'est aussi l'anniversaire du désastre de Dien Bien Phu.
Pour garder les idées nettes, je vous propose donc de dépasser le symbole de la date, et de nous souvenir que combattre l'oppression sous toutes ses formes est un devoir civique, qui s'impose à chacun d'entre nous.
Deux fois par an, la République nous rappelle à un devoir de commémoration.
Parmi les règles non écrites de cet exercice, il y a l’injonction à repenser cette échéance à la lumière d’une actualité qui vient bousculer bien des certitudes, et nous remet en question.
La pression des événements, mondialisés, sur-médiatisés, met en danger notre sens critique. Les réactions épidermiques, les commentaires à l’emporte pièce, deviennent alors monnaie courante.
Je ne suis pas très à l'aise, vous le savez, avec le genre de la commémoration.
Elles sont parfois l'occasion de confusions, d'amalgames, voire de détournements partisans ; il faut reconnaître qu'avec le 8 mai nous sommes particulièrement gâtés ; par exemple, le 8 mai est le jour choisi pour fêter Jeanne d'Arc, et vous savez par qui et dans quel esprit ; c'est aussi l'anniversaire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, c'est aussi l'anniversaire du désastre de Dien Bien Phu.
L'exercice de la démocratie ne va jamais de soi, il exige de nous une ouverture aux autres, une bonne foi dans l’échange, la volonté de dominer intérêts particuliers et ressentiments.
J’ai toujours caressé l’idée qu’à Lasalle, plus qu’ailleurs, nous disposions de cette capacité à vivre en bonne intelligence, et que cet esprit de dialogue, et plus généralement la richesse et la diversité de nos pratiques culturelles, nous protégeaient de certaines dérives.
Le 8 mai est l'occasion, pour tout un chacun, de se rappeler quel bien inestimable constitue le fait de vivre en paix, donc d'en mesurer les bienfaits, mais aussi de réfléchir, aux facteurs qui l'ont rendu possible.
Or, nous le savons bien, ce qui a rendu en Europe cette paix si durable, ce n'est pas seulement la victoire militaire des alliés, c’est aussi le travail approfondi depuis des décennies de réconciliation, de refondation des valeurs entre les populations concernées.
Comment faire bon usage des commémorations, sans se cantonner au rituel des paroles convenues ?
Pour bien apprécier la valeur de ce 8 mai, il faut le connecter à une autre date, à un acte historique posé par le Conseil National de la Résistance, plus d’un an auparavant, dès le 15 mars 1944 : c’est à ce moment clef, en effet, que ces hommes et ces femmes ont élaboré le programme auquel ils ont attaché leur nom.
La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945, à 23h01, au lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, signée le 7 mai à Reims.
Le tournant de la guerre s'est produit lors de la bataille d'El-Alamein, en octobre 1942.
Le danger des commémorations, vous le savez, c’est qu’elles risquent de tourner au pur et simple rituel. Il serait très regrettable qu’il en soit de même pour cette journée du 8 mai. Je souhaiterais donc en rappeler ici la portée et les enjeux.
Nous avons de bonnes raisons, ici, à Lasalle, de nous souvenir que la deuxième guerre mondiale n’a pas été qu’une série d’opérations militaires, dont l’issue aurait récompensé les meilleurs stratèges.
Nous sommes réunis aujourd'hui’hui pour la deuxième fois pour commémorer l’armistice du 8 mai 1945. On voit dans les médias ressortir pour la circonstance les images d’archives de cette guerre. Dans notre société de spectacle où tout est bon à prendre pour créer l’événement, soulever l’émotion et faire de l’audimat, les émissions qui évoquent les guerres ont des points communs : elles utilisent souvent les mêmes images, ont le même regard superficiel. Il faut aller vite.