Discours d'Henri de Latour le 11 novembre 2018
Pour commémorer le centenaire de la fin de la grande guerre, nous allons planter un olivier, symbole de paix, dans les jardins des Glycines le 24 novembre à 10h. Chaque commune apporte sa contribution avec ses symboles.
Aujourd’hui nous fêtons l’anniversaire d’une paix retrouvée : lorsque, le 11 novembre 1918 à 11 heures, le clairon sonne, il met un terme à la plus grande boucherie de tous les temps… Non, il sonnait la fin de la première partie, la fin de la première mi-temps, dans l’exultation générale, bien peu avaient conscience qu’il ne s’agissait-là que d’une trêve passagère. La seconde partie viendrait vingt et un ans plus tard et serait une plus grande boucherie encore, et puis d’autres ailleurs et encore d’autres, sans fin… L’humanité a dû s’habituer à ce que les conflits belliqueux restent une norme, une fatalité à répétition sur l’ensemble de la planète et pour toujours.
Nous commémorons, nous nous recueillons, nous nous souvenons, et puis nous passons à autre chose, la vie continue, la mort aussi…
Chaque famille a été touchée dans sa chair sans distinction de classe. Pour ma part, je repense souvent à l’un d’entre eux, un de mes grands oncles, Roger de Marveille, parti lui aussi aux cris de « tous à Berlin » tandis qu’en face ils criaient « tous à Paris » en fait ils allaient « tous à Verdun ».
Des jeunes gars qui ne se connaissaient pas et qui venaient s’étriper pour le plus grand bénéfice de gens qui eux se connaissaient mais ne se battaient pas.
Il y eut le feu, le bruit et la fureur, la mitraille, les éclats d’obus qui défigurent, les balles qui frappent des corps jeunes qui ne demandaient qu’à vivre, à aimer et qu’on a dressés à se haïr pour mieux s’entretuer.
Pourtant, au-delà de nos propres comportements, cette génération de garçons, sans en avoir conscience, a semé les graines d’une fraternité à l’échelle de notre Europe. Une Europe que nous voulons plus équitable, plus solidaire, mais qui est néanmoins à l’origine de la plus longue période de paix que le monde ait connue.
Un siècle plus tard nous sommes recueillis devant le monument aux morts. Je pense à ce grand oncle que je n’ai pas connu. Et je vous confesse ma peur devant la montée des nationalismes. Ma peur de ne pas être à la hauteur de son sacrifice et de celui de tous ces « Morts pour la France ».
Mais il faut arriver à dominer cette peur, être plus forts que jamais au service de valeurs que tant d’imposteurs arrogants, de démagogues sans pudeur, voudraient passer pour profits et pertes.
Vive la République, vive la France, vive l’entente entre les peuples !