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Discours d'Henri de Latour le 8 mai 2016

Deux fois par an, la République nous rappelle à un devoir de commémoration.

Parmi les règles non écrites de cet exercice, il y a l’injonction à repenser cette échéance à la lumière d’une actualité qui vient bousculer bien des certitudes, et nous remet en question.

 

La pression des événements, mondialisés, sur-médiatisés, met en danger notre sens critique. Les réactions épidermiques, les commentaires à l’emporte pièce, deviennent alors monnaie courante.

Nous devons notamment nous souvenir que l’afflux de réfugiés, en butte aux massacres, aux persécutions politiques, à des conditions de vie indignes, ne sont pas un fait nouveau, une anomalie contemporaine, mais la réédition de situations  que nous avons connues, lorsque nombre d’Européens, fuyant le nazisme, ont rencontré sous d’autres cieux l’accueil que l’on se doit de réserver à ses semblables, à ses frères et sœurs en humanité.

La perte de l’esprit civique, la montée des populismes, installent nos sociétés dans une logique d’exclusion où nous avons tout à perdre, et où les fondements  mêmes de la démocratie se trouvent menacés.

La démission, la trahison des politiques sont heureusement contestées, contrecarrées de toutes parts, par des mouvements citoyens, issus des profondeurs, soucieux de réinventer le réel, de proclamer que l’esprit de progrès, le combat contre l’injustice, loin d’être de vieilles lunes, sont plus que jamais à l’ordre du jour.

 

Ces citoyens nous invitent à réagir, à faire que notre devise : Liberté, Égalité, Fraternité, ne soit pas vidée de sens. Car ils travaillent à sauver l’espérance, à méditer l’exemple du Conseil National de la Résistance : lorsqu’en 1945 la Sécurité sociale est née, ces citoyens n’ont pas eu peur de penser l’Utopie, de braver le cynisme universel. Ils ont fait l’Histoire. Ils restent nos inspirateurs, nos raisons de combattre et d’espérer.