Voeux d'Henri de Latour 2011
Dans trois mois, nous serons à mi-mandat. C'est l'occasion de faire un petit bilan dans un certain nombre de domaines. J’évoquerai d’abord la vie de notre commune puis le cadre de son développement, avec la nouvelle loi territoriale. Je vous ferai part enfin de quelques autres sujets de préoccupations, car je suis convaincu que le monde où nous vivons exige de nous, que nous fassions usage de notre capacité à comprendre les situations qu'il nous est donné de vivre.
Commençons donc par notre commune. C'est avec plaisir que nous enregistrons les progrès accomplis dans le domaine du développement économique : depuis trois ans, 18 entreprises se sont installées sur notre commune -pour ceux que ça intéresse, j’ai la liste (1)-. D'autres sont en passe de le faire. D'autres enfin vont s'étoffer, changer de taille. C'est le cas du magasin Utile de Nicole Daumet, dont on peut dire qu'il est un cas exemplaire, de cette heureuse évolution.
Tout aussi encourageant est le bilan de notre vie associative. Une fois de plus, grâce à celles et ceux qui l'animent, notre commune a été le théâtre d'un grand nombre de manifestations de tous ordres qui ont augmenté notre plaisir à vivre ensemble, et fait de Lasalle un pôle très attractif. Je dois mentionner aussi la participation citoyenne à « objectif agenda 21 » qui regroupe des personnes concernées par notre avenir. Le nombre de participants a dépassé tous nos espoirs. Ce dynamisme créatif contribue pour beaucoup à enrichir notre identité, à la faire connaître et apprécier dans toute la région, et bien au-delà !
Je ne peux clore ce chapitre sans évoquer la mise en place de la régie de coordination qui a pour objectif d’aider, d’informer et coordonner les manifestations qui se déroulent sur notre territoire.
Bien entendu, un tel bilan doit beaucoup à l'implication, aux capacités et à l'esprit d'initiative de nos employés municipaux : ils continuent à nous donner un bel exemple de ce que peut apporter à la vie collective une certaine façon de travailler ensemble, en renforçant le lien social et concourant au mieux être de tous. Je veux donc ici les en remercier tout particulièrement au nom de tous les Lasallois.
C'est dans cette même logique de service public que s'inscrivent les travaux d'aménagements de notre voirie. La déviation entre Agri-Services (le magasin de Cerret) et la route de Ste Croix se fera en deux temps. La première tranche a déjà débuté cette année, elle va de la place du trésor public au stop du magasin de Cerret. Elle occasionnera de réelles difficultés de circulation, mais ces travaux étant indispensables, je demande à nos concitoyens toute la compréhension requise, La deuxième tranche se fera l’hiver prochain. Je rajoute que la belle réalisation de 2010 aura été cette salle où nous sommes, la filature du pont de fer. Profitons en tous, comme nous profiterons de la belle médiathèque qui sera finit au printemps.
On le voit, toute notre action vise à faire qu'ensemble nous vivions mieux. Il est normal, dans une démocratie, que nous ne soyons pas toujours du même avis quant aux moyens à employer, quant aux choix à opérer. J’ai apprécié la qualité des échanges que j’ai pu avoir avec mes concitoyens. J'invite tous ceux qui ont leur mot à dire à le faire dans un esprit de dialogue franc et ouvert. À ce propos, je me permets d'évoquer ici un contre-exemple très attristant, heureusement très exceptionnel : sachez qu'une lettre a été envoyée à madame la sous-préfète, m’accusant de détournement de fonds publics, parce que nous fermons la mairie les jours de grève, que le budget de la cantine est déficitaire de 3600 euros et que nous obligerions les employés à se mettre en grève… ! Vous comprenez bien que je ne m'inquiète pas des conséquences d'un tel courrier, qui a semble-t-il reçu l'accueil qu'il mérite. Ce qui m'afflige, c'est que cela puisse se produire à Lasalle, une commune qui a su garder la tête haute en des temps plus difficiles, quand les tenants d'une certaine France cultivaient le plaisir malsain de dénoncer aux autorités ceux qui n’étaient pas du même avis qu’eux... Ce sont probablement des gens qui ne comprennent pas dans quel monde nous vivons. C'est en effet quand le temps est à l'orage que nous devons, plus que jamais, affirmer notre unité et notre solidarité. Or, je le dis avec une certaine gravité, les temps vont êtres durs pour les communes ; non pas la nôtre en particulier, mais toutes les communes, et singulièrement celles à taille humaine. C'est en effet toute une conception du vivre ensemble que menace l'actuelle réforme des territoires si mal nommée. Car lorsque nous entendons le mot « réforme », nous voulons croire à une volonté de progrès : or il n’y a eu rien d’autre qu’une superposition de structures nouvelles (2), dont le but est d’aspirer par le haut les ressources de nos collectivités, de les assécher en leur ôtant le moyen d’être autonomes, pour tuer les identités propres, les spécificités qui font la richesse de notre tissu local. Je tenais à vous en parler parce que cette pseudo réforme est un symptôme inquiétant d‘une dégradation plus globale d’un processus de déshumanisation de la société.
C’est dans ce cadre global qu’il faut en effet situer les enjeux. Que deviennent les institutions si elles perdent de vue leur raison d’être, qui est de protéger, de stimuler l’individu, pour qu’il puisse mener une vie digne d’être vécue ?
Ce qui prévaut aujourd’hui, c’est un sentiment d’inexistence, comme si le droit à un avenir librement choisi, cédait le pas à la pure et simple nécessité de fonctionner. Nous sommes dans l’idéologie de la jetabilité.
De même que le consommateur jette le produit très tôt passé de mode, le spéculateur jette l'entreprise pour réaliser un profit juteux. C’est ainsi que le capitalisme, qui était jadis fondé sur l'investissement, est en train de s'autodétruire. L’ampleur et la sauvagerie de cette autodestruction menacent l’équilibre du monde. Soyons-en conscients : ce sentiment qui nous porte et nous fédère - à savoir que la vie vaut la peine d’être vécue - ce sentiment se perd, aujourd’hui, massivement.
Il y a quelques années, nous consommions du progrès, le développement technologique nous apportait une certaine liberté et beaucoup de bien être. Aujourd’hui, l’évolution de la technologie au lieu de créer du bien être voire de la liberté, crée les outils de notre soumission par le contrôle social qui n’a jamais été aussi fort à travers les téléphones, les ordinateurs, les cartes bancaires etc... Nous devons cette situation aux dirigeants aussi cyniques qu’irresponsables qui ont fait de la science et de la technique, les guides normatifs de nos conduites avec pour seule logique le calcul du profit et une rentabilité à court terme. Ainsi ont-ils transformé le savoir qui nous avait en partie affranchis en outil d’asservissement social.
Que deviendront nos communes si ces gens-là parviennent à leurs fins ? Ils les videront de leur substance ; en feront des lieux-dits, dont la seule et dernière marque identitaire qu’on aura en commun, sera la vitesse limitée à cinquante à l’heure.
Ensemble nous devons tout faire pour que cela n’arrive pas.
Je souhaite donc à nous tous, de continuer à construire le vrai bonheur de vivre. Je nous souhaite de continuer à employer cette belle énergie à la promotion d’une société plus juste, plus joyeuse, plus humaine.
(1) 18 ENTREPRISES CRÉÉES DEPUIS 2008 :
- Centre de traduction, Hôtel des camisards
- La cantina de Nono,
- Claude Saez, tous travaux
- Angelo de Bernardo, maçon.
- Atelier photo, Carine Granger
- Youpi, traiteur
- Le pont des arts, musique (F.Malaizé)
- Osthéopathe Olivia Gacon
- Fleur de thé
- Angelo de Bernardo, maçon
- Solanum, urbaniste
- La boutic bio
- Atelier couture, Aurélie Gaillard.
- Galerie du petit temple
- Agératum, gîtes
- La trouvaille, objets en bois
- Christelle Tinguely, masso-practicienne
- Le tour de nine, potière
(2)
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